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Reportage à Glion, école hôtelière quinquagénaire

Mercato del lavoro -
30 marzo 2012


Reportage à Glion, école hôtelière quinquagénaire
Assis sur un banc au fond de la gare de Montreux, je savoure les derniers rayons du généreux soleil de mi-mars. Depuis quelques jours, les températures ne cessent de grimper, comme le train à crémaillère reliant les palmiers du bord du lac à la neige encore abondante des Rochers de Naye. J'y entre après avoir laissé descendre une classe d'écoliers visiblement peu fatigués par leur journée à ski. Le tunnel dans lequel le convoi s'engage cède bientôt la place à un paysage de carte postale où les eaux scintillantes du Léman devancent les sommets toujours immaculés de la France voisine. Arrivé à la gare de Glion, je dois m'en remettre aux indications de deux personnes successives pour trouver mon chemin direction le bâtiment principal du Glion Institute of Higher Education, situé en contrebas de la route qui quitte le village. Je m'annonce à la réception circulaire et vitrée tout en m'excusant pour mon léger retard.
Directeur régional des admissions pour le compte du réseau mondial d'écoles de management hospitalier Laureate Hospitality Education, Alex von Arx est au téléphone, bien calé dans un fauteuil. Il met rapidement fin à sa discussion pour me souhaiter la bienvenue sur le campus de Glion, l'une des institutions de formation hôtelière les plus réputées à l'échelle mondiale. Le site Internet de l'école indique d'ailleurs la deuxième place obtenue au classement des écoles de management hospitalier proposant une carrière internationale, derrière l'Ecole Hôtelière de Lausanne (EHL) et à égalité avec Les Roches International School of Hotel Management ainsi que la Cornell University, représentante américaine. L'
enquête menée en été 2010 par Taylor Nelson Sofres (TNS) a confirmé la suprématie helvétique traduite par la présence de cinq institutions dans le top 10.
Alex von Arx ne cherche pas à le nier, cette qualité a un coût. D'après les données publiées en ligne, il faut par exemple débourser plus de 170 000 (hébergement et pension complète compris) pour réaliser un Bachelor du côté de Glion.
Tenue correcte exigée

Plutôt que de procéder à l'interview dans un bureau, le directeur régional des admissions suggère de profiter de la météo clémente pour aller faire le tour du campus. La vue imprenable offerte par la terrasse de l'établissement lui donne raison. Contrairement à mon hôte vêtu d'un complet-cravate irréprochable, les jeunes gens qui s'y trouvent sont pour la plupart habillés de façon décontractée. "C'est le seul endroit en commun où il n'y a pas de dress code", précise-t-il. J'apprendrai au fil de la visite qu'il ne s'agit pas de la seule exigence de la direction de Glion envers ses étudiants. Des contrôles anti-drogue sont par exemple régulièrement effectués dans les classes et deux heures individuelles de sport sont imposées chaque semaine. "Entre les différents restaurants du campus, 18 menus à choix sont proposés. Cette offre conséquente a pour but de faire apprécier une nourriture de qualité aux membres de notre communauté mais bien manger implique de faire de l'exercice", explique Alex von Arx.
Dans le cadre de leur formation pratique, les élèves de la filière de management lié à l'événementiel, au sport et aux loisirs (
Leisure Management School) gèrent eux-mêmes la salle de fitness prévue à cet effet. Ils organisent également des manifestations sportives avec d'autres institutions.
La familiarisation avec les métiers de la bouche fait partie du
cursus de base de l'école hôtelière de Glion dans l'orientation gestion hôtelière.
A ce titre, les divers services de restauration de l'institution lémanique permettent de mettre la main à la pâte. D'autres aspects très pratiques sont explorés lors de la formation initiale. Il s'agit par exemple d'apprendre comment éteindre une cigarette sans laisser de trace ou quel produit chimique utiliser pour nettoyer l'urine de chien dans une chambre d'hôtel. 

La culture de la communauté

L'heure du repas du soir approchant, les préparatifs vont bon train dans les salles du restaurant Bellevue et du restaurant-hôtel des Alpes, chacune ornée d'un décor et d'une tenue vestimentaire propres. Une jeune femme blonde répond affirmativement à mon guide qui lui demande si elle est en première année. Bientôt, les marches conduisant aux étages supérieurs charrient des grappes d'apprenants endimanchés venus déguster la popote de leurs potes. Leurs visages trahissent des origines très variées : pas étonnant quand on sait que Glion accueille près de 100 nationalités différentes.
L'école compte actuellement plus de 1600 étudiants - 1211 d'entre eux entre Glion et Bulle et 423 en stage -. La grande majorité d'entres eux sont hébergés directement sur le campus - dans des chambres doubles avec une personne en provenance d'un autre pays - ou à une distance temporelle de dix minutes en transports publics. Loin d'être fortuite, cette proximité vise à constituer une communauté, un réseau susceptible de représenter l'institution de formation à travers le monde.
Dans l'hôtellerie, la mobilité n'est pas un mot vide de sens : en 2010, selon les
chiffres publiés sur le site Internet du Glion Institute of Higher Education, seul un quart des étudiants a effectué son stage en Suisse. Près de la moitié d'entre eux sont restés sur le Vieux Continent (49%) alors que la zone Asie-Pacifique représente la troisième destination (17%) la plus prisée. Alex von Arx prévoit d'ailleurs un fort développement de l'industrie hôtelière en Chine ces prochaines années.
La visite touche à sa fin. Le directeur régional des admissions salue un employé de l'établissement nettoyant le sol devant les salles réservées aux représentants des grandes chaînes hôtelières régulièrement de passage sur le campus pour faire passer des entretiens aux futurs diplômés. Monsieur von Arx demande à la réceptionniste qui me tend la veste et le sac à dos confiés tantôt si elle compte participer à la fête prochainement organisée dans le cadre des 50 ans de l'école hôtelière de Glion. Dehors, le crépuscule règne. Tout comme la bonne humeur des jeunes gens sans doute réunis pour décider du programme de la suite de la soirée.

Ludovic Pillonel

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