< Rientro

Le Carrefour des Créateurs ne connaît pas la crise

Gestione della carriera -
30 novembre 2011


Le Carrefour des Créateurs ne connaît pas la crise
Spécialistes et entrepreneurs - en devenir ou confirmés - se sont donné rendez-vous en masse mardi 1er novembre au Palais de Beaulieu. Pour parler création d'entreprise,  n'en déplaise au climat économique morose.
"On va commencer dans 5 minutes." Le longiligne Philippe Gaemperle, directeur de Genilem - une organisation à but non lucratif visant à soutenir les start-up -  pour les cantons de Vaud et Genève, s'adresse aux visiteurs qui tentent de dissiper la brume encombrant leurs pensées à grands renforts de cafés et de croissants.
Petit-à-petit, les coudes libèrent la demi douzaine de tables aux longues nappes blanches éparpillées sous la lumière crue de l'espace lounge. A gauche de celui-ci, le personnel du bar, jusqu'alors masqué par un conglomérat de têtes de tout âge, sexe et provenance, redevient visible.  
De l'autre côté de la constellation de tables, David fait partie des rares chanceux à avoir pu s'installer sur un canapé. Cet Antillais d'une trentaine d'années veut se former pour commercialiser des produits de consommation martiniquais en Europe. Quelque peu stressé par un deuxième passage du directeur de l'organisation à l'attention des retardataires, il mâche et boit plus vite.
Comme les plus matinaux du millier d'inscrits à l'événement, son itinéraire lui fera fouler le parquet dans la diagonale de la volumineuse halle voutée, passer à gauche des stands des exposants, en direction de l'entrée avant de bifurquer sur sa droite et choisir l'un des deux couloirs semi-circulaires menant à la salle de conférence.
La musique d'ambiance lente diffusée lors de l'accueil des participants est plus rythmée dans cet espace au vaste parterre de sièges bleus encore largement inoccupés. Sur le large podium surplombant l'auditoire, Frédéric Hohl, président de Genilem Vaud-Genève ouvre les feux tandis qu'Inge finit de s'installer.
Derrière ses lunettes, cette quinqua aux cheveux longs frisés avoue qu'elle a déjà lancé sa petite société de commerce équitable spécialisée dans les produits textiles. "Je suis venue pour élargir mon réseau et recevoir des conseils en marketing", précise-t-elle.
Retour sur les canapés de l'espace lounge en compagnie de Nicolas et Sylvain, en pleine phase de démarrage de leur concept de vidéos à la demande. "Nous avons pris rendez-vous avec un spécialiste car nous désirons être soulagés de la partie administrative", déclarent-ils.
Non loin d'eux, campé derrière son présentoire en demi-cercle, Marcel fait justement partie des 35 exposants conviés par Genilem pour conseiller les créateurs d'entreprises. Co-fondateur du portail emploi Jobtic et de l'annuaire JobticFormation, il avoue revoir un peu les mêmes personnes d'année en année mais reconnaît malgré tout l'importance de venir. Comme les autres entrepeneurs du "coin des spécialistes", il a déboursé entre 350 et 650 francs pour pouvoir monter son stand, le forfait variant en fonction de l'espace et du matériel utilisés, ainsi que de l'attribution ou non d'une place de parking. 
De l'autre côté du couloir servant de zone de passage, l'"espace Genilem" déroule sa lignée de stands d'entreprises aidées par l'organisation. Pour elles, nul besoin de passer à la caisse. La foule ayant fait le déplacement en masse, la journée s'annonce positive pour ces start-up désireuses de se faire connaître. Employé de MENTH Electronique, Fabio Saya avouait en tout cas, peu avant la pause de midi, avoir pu parler des prestations et services de sa société à de nombreuses personnes.
Proposé en alternance dans les cantons de Vaud et Genève, le Carrefour des Créateurs n'a cette fois-ci pas établi ses quartiers à Paudex, dans les locaux du Centre Patronal, comme il y a deux ans. A l'occasion de son 5e anniversaire, les organisateurs de  l'événement se sont voulus plus ambitieux. Au vu de l'affluence du matin, l'objectif de 1000 personnes - visiteurs, exposants et orateurs confondus - fixé initalement a de bonnes chances d'être atteint.
Rejointe par sa partenaire d'affaires, Inge - la commerçante en produits textiles - rit de bon coeur au gré de la présentation loufoque du conférencier Pascal Meyer. Selon le pétillant fondateur de QoQa.ch, un site Internet proposant une action de produit chaque jour, il n'y a pas trente-six solutions lorsqu'on veut créer son entreprise. Il faut y aller. Oser. Les conseils martellés par le showman jurassien sonnent juste quand on sait que son chiffre d'affaires devrait avoisiner les 15 millions de francs en 2011.
La réussite des différents intervenants a s'être succédé sur l'estrade de la salle de conférence tout au long de la journée a eu de quoi donner du courage aux visiteurs du Carrefour des Créateurs, souvent décidés à se battre contre vents et marées pour mener à bien leur projet. Nicolas et Sylvain - les deux compères vidéastes rencontrés à l'espace lounge - font justement partie de cette catégorie. Déconseillés par leur entourage, ils croient dur comme fer en leur idée et avouent y avoir engagé toutes leurs ressources financières. Le peu de réponses données à leurs mails - deux depuis le mois d'août - et la concurrence programmée du géant Google ne les fera pas changer d'avis.
Ludovic Pillonel
Jobtic logo