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Interview de Madame Ruth Jermann

Interviste -
20 ottobre 2008


Interview de  Madame Ruth Jermann
 
Madame Jermann, Directrice de la Formation Continue Suisse, est également responsable de la mise sur pied d'un " lernfestival ". Cette manifestation permet aux personnes de se rencontrer en stimulant l'instruction active. Il confère une image positive à l'apprentissage et à la formation. Durant dix jours, cette dernière peut être vécue grâce à un accès facilité pour tous et en général gratuitement. Même des personnes ne se trouvant pas dans un processus de formation sont ainsi tentées d'essayer de nouvelles choses, sans contrainte. De part son titre, ainsi que comme représentante du label EduQua, c'est elle qui était le plus à même de répondre aux questions sur la formation continue.

 

1)      Tout le monde parle maintenant de la formation continue. Celle-ci est-elle devenue incontournable ? est-ce vraiment un bien pour les employés ?

 

Oui. La formation continue est indispensable dans monde économique en continuelle mutation, qui demande à tout un chacun de continuer à apprendre tout au long de sa vie. Une autre raison est le vieillissement démographique. La population active est de plus en plus âgée. Les besoins en innovation et en qualification ne peuvent être couverts que si des employés, plus âgés, continuent à s'ajourner en permanence.

La formation continue a sûrement des avantages pour l'employé : possibilités de se développer soi-même, diminution du risque de chômage, meilleures chances d'opportunités de carrière et un élargissement de son propre horizon. Pour l'heure, il n'existe, en Suisse, aucune statistique représentative concernant la rentabilité de la formation continue.

 

2)      La formation continue a aussi ses désavantages ; un employé doit, par exemple, s'engager à rester un certain nombre d'année dans l'entreprise. Il est fort logique puisque cette dernière investit de l'argent pour former ses meilleurs éléments. Que peut-on citer comme d'autres désavantages ?

 

Ces règles varient selon les secteurs. Souvent, la formation continue n'est pas vraiment planifiée et mal adaptée aux objectifs individuels et d'organisation. Ce qui signifie que les efforts sont supérieurs aux bénéfices que l'on peut en retirer...

Néanmoins, l'obligation de rester dans l'entreprise un certain temps ne doit pas être considérée comme un désavantage. De tels accords reposent sur des bénéfices réciproques. En outre, ces obligations sont judicieuses car elles augmentent la disposition des entreprises à investir dans la formation continue de leurs employés

 

3)      Quel rapport entretien la FSEA (Fédération Suisse pour la Formation Continue) avec les entreprises ? est-elle plus en contact avec les institutions privées, avec le public ou avec les entreprises ?

 

La FSEA travaille en collaboration avec des entreprises dans une série de projets en Suisse et sur le plan international (projets UE) ; il s'agit autant de projets de recherche que de projets-pilote ou de développement. La FSEA a également un site internet pour les PME (www.weiterbildung-in-kmu.ch- en allemand).  Ses principaux partenaires sont les prestataires de formation continue, qu'ils soient publics ou privés (actuellement 520 membres, dont quelques organisations faîtières, donc des multiplicateurs). Le contact avec des personnes en formation n'a lieu que sporadiquement car, en tant qu'organisation faîtière, la FSEA s'adresse en priorité aux professionnels.

 

4)      Le chômage rechigne à payer les formations continues si ces dernières durent plus de trois mois ; est-ce logique ? Comment pallier à ce problème ?

 

Je n'en sais pas d'avantage. Ce problème découle probablement de la loi sur l'assurance chômage. Une des conséquences est sûrement le fait que les remèdes ne peuvent pas être employés de manière préventive ; de surcroît, la part de formation continue dans les mesures cantonales a été diminuée ses dernières années. Du point de vue de la FSEA, cette évolution est problématique. La question de la durée d'une formation continue est effectivement le point houleux de notre débat. Des lacunes dans les compétences de base font croître le risque de chômage. Ces dernières ne peuvent être comblées en l'espace de quelques semaines. Une approche différenciée serait nécessaire pour permettre un soutien à long terme aux groupes cible spécifiques (personnes peu qualifiées, en voie de réinsertion professionnelle ou autres). Pour autant que je sache, ceci n'est pas possible par le biais de l'assurance chômage. Il est important de sensibiliser et de faire prendre conscience aux personnes l'importance d'apprendre tout au long de leur vie ; ceci est d'autant plus vrai chez les personnes à haut risque de chômage.

 

5)      EduQua est maintenant un label de référence : on le voit partout, pour tous les enseignements, dans toutes les classes. Si on ne le possède pas, notre crédibilité est mise en péril. Comment se fait-il que ce label ait pris une dimension aussi importante ? Que signifie-t-il au juste ?

 

Si une institution ne possède pas le label EduQua, cela ne signifie pas qu'elle n'est pas bonne. Néanmoins, Il est vrai qu'une école certifiée représente un avantage certain; cela signifie qu'elle rempli les six critères EduQua qui permettent d'obtenir le certificat. Je conseille à toute personne intéressée par une formation continue de consulter notre site www.eduqua.ch. Ce que nous proposons est un label pour l'assurance qualité dans les institutions de formation continue ; voici ces six critères :

 

1. Des offres de formation qui satisfont le besoin général en formation et les besoins  particuliers des clientes et clients

2. Des acquis de formation durables pour tous les participants

3. Une présentation transparente des offres de formation et des options pédagogiques

4. Des prestations orientées vers la clientèle, économiques, efficientes et efficaces

5. Des formateurs et formatrices engagé-e-s, au fait des développements les plus récents en méthodologie, en didactique et dans la matière enseignée

6. Le souci de garantir et de développer la qualité

 

Raphaël Sola

 

Interview traduit de l'allemand par Cécil Jacq

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