Le 24 novembre prochain, le peuple suisse se prononcera sur l'initiative populaire lancée par l'UDC sur les familles. Les initiants proposent que les parents qui gardent eux-mêmes leurs enfants puissent bénéficier des mêmes déductions fiscales que les parents qui font garder leurs enfants contre paiement.
Cette initiative peut séduire. Elle rétablit une certaine inégalité de traitement entre les familles. Pourquoi pénaliser, en effet, un parent qui arrête de travailler pour garder ses enfants? Elle ne dit pas, pourtant, que le parent en question est bien souvent une femme. Et que certaines femmes n'ont pas le choix. Elles doivent travailler.
La parentalité au travail
En mettant en opposition deux modèles de famille fondamentalement différents, l'initiative de l'UDC passe à côté de quelque chose de plus fondamental, la question de la parentalité au travail. En France, l'étude "Famille et Entreprises", menée par Viavoice auprès de plus de 400 dirigeants d'entreprise et commandée par La Maison Bleue et Le Figaro économie, a révélé que 60% des dirigeants d'entreprise la considérait comme un enjeu central pour les entreprises.
L'étude a montré par ailleurs que 58% des dirigeants d'entreprise et des directeurs des ressources humaines (DRH) estimaient que l'articulation famille-travail était d'abord l'affaire de l'entreprise.
Le manque d'innovation
Selon les dirigeants et les DRH interrogés, une gestion efficace de la parentalité au travail passe par des solutions innovantes en terme d'offres et de services pour les salariés. 57% des sondés ont d'ailleurs estimé que les entreprises n'innovaient pas assez dans ce domaine. Dans des entreprises de plus de 100 salariés aux moyens plus importants, ils étaient même 72% à le penser.
Les aménagements jugés prioritaires sont la flexibilité des horaires afin d'adapter les heures de travail aux rythmes et activités des enfants, la souplesse face à des contraintes imprévues et la flexibilisation des congés (pouvoir poser des congés lorsque le salarié le souhaite).
Les crèches d'entreprise
Le placement des enfants reste bien souvent l'un des problèmes majeurs pour les parents salariés. L'étude a montré cependant que les chefs d'entreprise restaient encore prudents sur les bénéfices apportés par des crèches d'entreprise.
Ils étaient seulement 38% à estimer qu'une crèche d'entreprise pouvait fidéliser les employés, 24 % à croire qu'elle renforçait l'égalité entre hommes et femmes et 23% qu'elle accroissait la productivité.
Le frein est avant tout d'ordre financier. 46% des sondés ont avoué craindre l'impact budgétaire des crèches d'entreprise.
Un enjeu de société
L'initiative de l'UDC ne résout pas la question de la parentalité au travail. En incitant financièrement les femmes à rester au foyer, elle valorise un modèle de société bien loin des préoccupations des salariés et des entreprises.
Dans un modèle progressiste où l'homme et la femme sont égaux, la parentalité au travail revêt un enjeu central pour la société. Gérée de manière innovante par les entreprises, elle devrait permettre enfin aux parents de concilier vie de famille et vie professionnelle.
DM