Le farniente, c'était branché dans les milieux aristos et grand bourgeois au XIXe siècle. Aujourd'hui, les vacances, c'est plutôt "repos utile" - l'expression est d'André Rauch, le grand spécialiste français de la question - et organisation de congés actifs (excursions, visites culturelles, activités sportives, etc.).
Bref, pour bien réussir ses vacances, il faut choisir un hôtel au forfait illimité sur la côte d'Azur avec séance d'aquagym le matin, planche à voile l'après-midi et concours de Miss le soir. Une semaine inoubliable qui vous permettra de retourner en forme au boulot, bien plus productif que jamais, et surtout bien plus heureux!
A l'heure de l'hyperchoix
Dans notre société où règne l'hyperchoix, choisir est devenu cependant un exercice difficile qui peut conduire, en fin de compte, à un sentiment de profonde déception. L'être humain est ainsi fait. Lorsqu'il n'a pas le choix, il a tendance à attribuer ses malheurs à son environnement direct, voire à la terre entière. En revanche, lorsqu'il est confronté à une multitude d'options, il aura tendance à endosser personnellement la responsabilité de son échec et, donc, à se sentir coupable.
Difficile de rentrer au bureau en supportant l'échec de ses vacances devant des collègues au ton halé et au visage détendu. Et s'entendre dire : je t'avais bien dit, moi, que la côté d'Azur, ce n'était pas le bon plan! Hôtel bruyant, plage de sable jonchée de déchets, eau turquoise infestée de Caulerpa taxifolia, hordes de touristes japonais (les pauvres, toujours eux), etc.
Avant toute chose, prenez un peu de distance et relâchez-vous, sinon, vous êtes bien partis pour rater vos vacances! "Pour pouvoir "lâcher prise", explique Stéphanie Graf, mentoringcoach certifiée et fondatrice de la société Licoach, l'être humain doit parvenir à renoncer à une forme de besoin de contrôle." Un renoncement qui ne paraît pas insurmontable, mais qui peut s'avérer, à bien des égards, bien plus difficile qu'il n'y paraît.
L'art de l'anticipation
Des solutions? Bien sûr, "pour toutes celles et tous ceux qui ont de la difficulté à lâcher prise et profiter de leur vacances, notamment lorsque les fonctions requièrent des exigences élevées, il peut s'avérer judicieux de proposer un accompagnement, conseille Stéphanie Graf. Celui-ci consiste à planifier les moyens concernant l'avant: anticipation et planification, le pendant: déconnection et plaisir, et l'après: retour et organisation."
Le Graal serait donc là. Dans l'anticipation et la planification. Gageons que ces deux termes fassent grincer quelques dents. Peut-être bien celles des touristes bobos défiant la nature en des terres exotiques. Mais qu'importe, finalement, si ça peut rendre service. A l'heure de l'hypercompétitivité, tous les moyens sont bons pour déconnecter et reprendre son souffle avant de redescendre dans l'arène.
Un été au meilleur rapport qualité-prix
Depuis les premiers congés payés des années 1930, les vacances d'été renferment une dimension symbolique forte. Actuellement, la vision idyllique des vacances d'été est certes moins romantique qu'il y a trente ans, mais la magie opère encore, notamment lorsqu'il s'agit de raccourcir la trêve estivale des écoliers. Impensable!
Donnant l'occasion de faire le point sur sa vie ou de fomenter quelques nouveaux projets, les vacances d'été, source de dépaysement et de renouveau, continuent encore à alimenter les fantasmes. Mais les temps changent. Et, s'il y a vingt ans, les vacances d'été signifiait encore rompre avec le quotidien, aujourd'hui, elles doivent d'abord être une source de plaisir, des moments de sociabilité et des bonnes opportunités de loisirs. En un mot, les vacances d'été sont devenues consommables. Et, comme chaque consommateur, le vacancier cherche à rentabiliser au maximum son temps et son argent. Bons plans, prix cassés, sensations extrêmes, rencontres, etc., tout se paie aujourd'hui. Même l'oisiveté. Et il paraît que ça coûte cher...
DM
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Lire également un billet de Stéphanie Graf posté sur son blog, Licoach's blog, intitulé DECONNECTER PENDANT LES VACANCES.
Vacances d'été, le prix de l'oisiveté
Marché de l'emploi -
9 juillet 2013