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Le MBA: un Master en Brassage d'Air?

Marché de l'emploi -
5 septembre 2012


Le MBA: un Master en Brassage d'Air?

Acronyme de l'anglais Master of Business Administration, le MBA est un diplôme d'études supérieures en management et en gestion globale des affaires jouissant d'une très bonne réputation à l'international. Malgré l'aura dont elle bénéficie, cette formation est critiquée.

Né aux Etats-Unis au début du XXe siècle, le MBA s'est répandu à travers le monde à partir des années 1950. Aujourd'hui encore, l'offre concernant ce type de diplôme ne cesse d'augmenter, y compris en Suisse . "[...] Le titre MBA n'est pas protégé et peut être revendiqué par n'importe quelle institution1 " explique Sandrine Hochstrasser dans les colonnes du Temps2.
Dépourvu d'AOC, le produit de luxe Master of Business Administration est de plus en plus souvent proposé aux quatre coins du globe, au rayon formation d'écoles pas toujours bien intentionnées. Ainsi, certains prestataires peu scrupuleux n'hésiteraient pas à fournir de faux diplômes contre le paiement d'une somme d'argent déterminée3  tandis que d'autres sont accusés de contribuer à l'endettement massif de leurs étudiants pour l'obtention d'un titre maison ne faisant pas recette dans le monde du travail4.

Des outils à manier avec des pincettes

Les classements établis par les magazines spécialisés sont sensés permettre d'éviter ce genre de mésaventure en séparant le bon grain de l'ivraie mais leur sélection gastronomique laisse dubitatifs certains grands chefs. Président de l'IMD, Dominique Turpin se félicite des bons résultats obtenus par sa business school dans les rankings de référence mais il estime que l'opération "revient à comparer des pommes et des réfrigérateurs." Son observation s'explique par le fait que le MBA a cessé d'être un plat unique. Initialement destiné à distiller des compétences généralistes en management aux cadres expérimentés5, le diplôme se consomme désormais à plein temps, à temps partiel, spécialisé, à distance ou executive6 selon les goûts de chacune et chacun. Autres filtres qualitatifs visant à prévenir l'indigestion informative guettant immanquablement le candidat, les accréditations ne font pas non plus l'unanimité. Bien que le sérieux de certaines d'entre elles ne soit pas mis en doute (AACSB, Equis, Amba7), des observateurs parlent d'un effet de mode ou craignent que leur attribution à un nombre croissant d'écoles ne les décrédibilise8.

Un instrument parmi d'autres

Comme l'indique Geneviève Ruiz9, un MBA n'est pas l'ingrédient incontournable d'une carrière réussie. En Suisse par exemple, 30 000 offres de perfectionnement sont à disposition et le marché de la formation continue représente 5,3 milliards de francs. Des institutions telles que le Cefco, l'école-club Migros, les hautes écoles ou les universités ont elles aussi confectionné des cursus dans le domaine du management.
Au vu de tout ce qui précède, est-il utile de réaliser un MBA ? La contribution "Mythes et réalités sur les MBA"10 rappelle que [...] "beaucoup d'hommes qui gèrent les entreprises les plus importantes du monde - tels que Bill Gates, le fondateur de Microsoft, Larry Ellison, d'Oracle ou Steve Jobs, du géant Apple - n'en ont pas." Quant à l'auteur Henry Mintzberg11, il estime que les programmes de Master of Business Administration, à trop vouloir faire du management une science exacte, déshumanisent une discipline justement centrée sur la gestion des individus. Enfin, l'ouvrage de Jo Owen12 prétend, en 240 pages, remplacer le contenu d'une formation de MBA sans oublier d'y ajouter des tranches de perspectives pratiques.

Un mode d'emploi à bien connaître

Jadis majoritairement linéaires, les carrières sont aujourd'hui des menus à composer en fonction de ses envies. Considéré comme le caviar de la formation en business et management, le MBA ne convient pas à tout le monde mais il peut, selon de nombreux experts, donner un résultat succulent idéalement apprêté. L'enjeu est de savoir ce que l'on veut en faire. "Il faut définir quelles sont les priorités : est-ce que le MBA va servir à commencer une nouvelle carrière ? Un MBA à plein temps serait alors une bonne idée. A travailler dans une grande multinationale ou à devenir plus global ? Dans ce cas, un programme réputé à l'échelle mondiale avec un réseau international d'anciens et des clients dans les études supérieures de cadres est décisif. Ou à rester local mais à obtenir une expérience de base en management ou une expertise dans une discipline particulière ? A ce moment-là, une université jouissant d'un grand renom régional devrait être suffisante", indique Will McDonald, directeur de l'Executive MBA de Thunderbird à Genève.
Attribué par une école réputée et subordonné à un plan de carrière bien défini, un MBA peut être la cerise sur le gâteau de la réussite professionnelle. 

Ludovic Pillonel

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