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Les cleantech: opportunité ou effet de mode?

Marché de l'emploi -
24 février 2012


Les cleantech: opportunité ou effet de mode?
Du 13 au 15 mars, Cleantec City, une nouvelle manifestation liée à l'écotechnologie, est organisée à Bernexpo. "Cleantech: un mot à la mode ou une véritable opportunité pour l'économie et la société ?" est la question autour de laquelle s'articule l'événement. Secrétaire général de CleantechAlps, une plateforme promouvant l'essor des technologies propres en Suisse occidentale, Eric Plan se prononce sur le sujet et explique pourquoi notre pays doit être considéré comme "une nation cleantech."
JobticMag : Quelle définition donneriez-vous au terme cleantech ?
Eric Plan : Nous avons une définition assez consensuelle des cleantech : elles regroupent selon nous les technologies, produits et services qui visent une utilisation durable des ressources naturelles et qui permettent la production d'énergies renouvelables. Elles ont en particulier pour but de réduire la consommation de ces ressources et de ménager les systèmes naturels respectifs. Les nouvelles technologies y jouent un rôle fondamental.
JobticMag : "Cleantech: un mot à la mode ou une véritable opportunité pour l'économie et la société?" est la problématique liée à la manifestation Cleantec City, qui aura lieu 13 au 15 mars prochains. Quelle est votre opinion à ce sujet ? Pourquoi serait-ce une opportunité ?
Eric Plan : Selon les dernières études en notre possession, le domaine des cleantech emploie environ 160 000 personnes en Suisse, soit 4,5 % de l'ensemble des actifs. Il génère une valeur ajoutée brute oscillant entre 18 et 20 milliards de francs par an, soit près de 3,5 % du produit intérieur brut. Sur la base de ces chiffres, il est difficile d'affirmer que les cleantech ne sont qu'un effet de mode. Il y a un réel enjeu économique là derrière. Toutefois, il est possible que, pour des besoins d'image, certaines entreprises disent se lancer dans les cleantech, alors que les technologies propres n'occupent qu'une faible partie de leur activité.
Les cleantech sont une opportunité qui permet à la Suisse d'exporter son savoir-faire dans le domaine ainsi que ses technologies. Je pense par exemple au domaine du traitement de l'eau, dont les débouchés sont énormes dans les pays émergeants comme l'Inde. C'est d'ailleurs une thématique qui touche directement les communes et autres acteurs publics visés par Cleantec City.
JobticMag: Après Eco-Design, Swiss Eco Leaders Days, ecoHome, energissima, Cleantech City... Ne pensez-vous pas qu'il y ait trop de manifestations de ce genre ?
Eric Plan : On constate un nombre de plus en plus important de manifestations et conférences liées au domaine des cleantech. En tant que plateforme de soutien aux cleantech, nous ne pouvons que nous réjouir. Cela montre un certain dynamisme du domaine. Mais cela peut aussi au contraire conduire à un trop-plein, tant du point de vue des entreprises et de leurs dirigeants, très sollicités, que du côté du grand public. Depuis sa création en juin 2010, la plateforme CleantechAlps souhaite coordonner toutes les initiatives en ce sens afin de limiter le nombre de manifestations et d'augmenter la portée de celles qui restent. C'est un travail de longe haleine mais nos efforts portent déjà leurs fruits. En effet, trois des manifestations que vous énoncez dans votre question (eco-design, Swiss Eco Leaders Days et ecoHome) ont eu lieu dans le cadre d'energissima ... en d'autres temps cela n'aurait pas été le cas.
JobticMag : Les entreprises suisses ont-elles encore beaucoup à faire en matière d'écotechnologie ? Est-ce rentable pour elles d'investir dans ce domaine ?
Eric Plan : Les entreprises ne doivent pas investir coûte que coûte dans les cleantech, mais valoriser leur savoir-faire pour autant qu'il soit innovant et qu'il puisse être vendable. Il faut différencier une société qui offre des produits ou prestation cleantech et celle qui en consomme. Le maître mot dans cette thématique est ce que l'on appelle l'empreinte écologique plus connue sous sa dénomination anglaise de "carbon footprint". Libre à chaque société de définir sa propre stratégie dans ce domaine afin d'exploiter son potentiel, mais il est indiscutable que la Suisse est une nation cleantech. Ceci en particulier en raison de sa faible empreinte écologique même si il reste une marge de progression non négligeable en la matière.
JobticMag : En quoi consiste le développement de technologies propres ? Dans quels domaines y a-t-il le plus à faire (logistique, infrastructures, consommation d'énergie, etc.) ?
Eric Plan : Avec la sortie annoncée du nucléaire, les technologies aidant à l'efficience énergétique ont de beaux jours devant elles. Je citerai par exemple le cas de la start-up valaisanne Geroco à Martigny, qui commerciale Ecowizz, une prise intelligente et dont les ventes ne cessent de croître. Le traitement de l'eau, le solaire PV (avec par exemple la technologie suisse de Flexcell), la valorisation des déchets, l'eco-mobilité (avec par exemple le développement de l'UpGo de la société Softcar, voiture 100% propre sur tout son cycle de vie) ou encore la mini-hydraulique sont des domaines porteurs qui verront un fort développement ces prochaines années.
JobticMag : Pourquoi la Suisse a-t-elle un rôle intéressant à jouer en termes d'écotechnologie ?
Eric Plan : Parce qu'elle dispose de savoir-faire pointus au sein des PME et des start-up, renforcés par des écoles et instituts de recherche de premier plan, comme le PV-Lab à Neuchâtel. Le rôle de la Suisse peut être très intéressant. Encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions.
JobticMag : Avez-vous d'autres observations à faire en relation avec le développement des cleantech en Suisse ?
Eric Plan : La Suisse est véritablement une nation cleantech même si tout un chacun ne l'a pas encore pleinement réalisé et n'exploite pas ce potentiel à sa juste valeur. En effet, depuis plus de 30 ans, des réflexes ont été développés dans notre société de sorte que nous ne nous rendons même plus compte que notre mode de vie a évolué vers une activité plus respectueuse de l'environnement au sens large du terme. Nous sommes enfin entrés dans l'ère du développement durable reposant sur sa pierre angulaire formée des trois piliers que sont l'écologie, l'économie et le social. Nous sommes à la croisée des chemins et je suis persuadé que la Suisse, en tant que pionnière dans ce secteur, a un rôle de leader à jouer aux avant postes.
Propos recueillis par LP 
Le site de Cleantec City
Le Masterplan Cleantech de la Confédération

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