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La veille stratégique n'est pas encore dans les moeurs suisses

Formation -
27 janvier 2012


La veille stratégique n'est pas encore dans les moeurs suisses
La Haute Ecole de Gestion de Genève propose depuis le premier semestre 2011 une formation continue en intelligence économique et veille stratégique. Son organisation en un CAS (Certificate of Advanced Studies), un DAS (Diploma of Advanced Studies) et un MAS (Master of Advanced Studies) correspond à un constat tiré de sondages. "Deux formations postgrades dans ce domaine ont eu lieu en 2003-2004 et 2006-2007. En raison du manque de participants, l'édition 2008 a dû être annulée", déclare la responsable du programme Hélène Madinier. Sur la base des témoignages recueillis pour comprendre les causes de cette désaffection, il est ressorti qu'une grande partie des sondés souhaitaient suivre une formation courte (le CAS actuel) tandis que de nombreux autres auraient voulu obtenir un diplôme reconnu à l'international (le MAS).
"Chaque niveau vise à développer des compétences spécifiques", indique Hélène Madinier. Le CAS permet d'exercer la fonction de gestionnaire en veille, en étant notamment capable de choisir les outils pas chers ou gratuits parmi les nombreux existants ou de connaître les sources à consulter.
Quant au MAS, il a pour enjeu l'identification de la stratégie d'organisations pour optimiser  l'efficacité de la veille au sein de celles-ci. Le trait d'union entre les deux niveaux de formation est constitué par le DAS.
"Les titulaires du MAS sont à même, en tant qu'experts du domaine, de mettre sur pied une cellule de veille, de s'occuper de la coordination général avec les traqueurs*, d'effectuer des synthèses à partir des informations récoltées par ces derniers et, le cas échéant, de travailler en interaction avec les décideurs", explique Hélène Madinier.
La responsable indique que la formation décrite ici s'adresse à tout type d'organisation ou instance aidant à l'administration. "En France, il y a un institut de veille sanitaire. Je crois même que quelqu'un s'occupe de ceci à l'Elysée", déclare-t-elle. Elle tient d'ailleurs à souligner que, dans le domaine, l'Hexagone est nettement plus avancé. "Une multitude de formations y sont proposées alors qu'en Suisse, ce phénomène est en émergence. Nous sommes pour l'heure la seule institution à avoir ce type d'offre en Suisse romande."
Mais pourquoi un tel désintérêt ? Selon Hélène Madinier, la bonne santé économique du pays en vigueur jusqu'à aujourd'hui constitue une réponse plausible. "Lorsque je discute avec des responsables des PME, ceux-ci m'affirment qu'ils pratiquent la veille en lisant les journaux ou en parlant avec leurs concurrents lors de salons et autres manifestations", observe-t-elle.
Or, pour être efficace, la démarche devrait être poussée plus loin par le biais de la formalisation, de l'organisation et du partage de l'information.
"Contrairement à certains cabinets aux pratiques prétendument douteuses, nous ne nous attachons qu'aux aspects légaux liés à la veille", précise Hélène Madinier.
LP
Pour se renseigner sur la formation
* Selon un travail publié sur le site www.memoireonline.ch, "[...] on appelle "traqueurs les personnes qui ont pour mission d'aller au devant des informations de veille."
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