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De la musique au business

Gestion de carrière -
7 septembre 2011


De la musique au business
De prime abord, Alexis Moeckli ne paie pas de mine. Cheveux courts en brosse, lunettes à bordures noires, tenue vestimentaire classique, il fait bon chic bon genre derrière sa tasse de café au lait. "Je ne suis pas fan de cet endroit mais j'étais sûr qu'il serait ouvert à cette heure-ci", indique le jeune homme de 26 ans. Il est environ 8h20 et la nuit a été courte pour lui. Un bal de sa faculté HEC ne l'aurait-il pas, pour accentuer le cliché, incité à repousser les avances de Morphée? En aucun cas. "J'ai dû finir un projet pour le compte de la Jeune Chambre Internationale Genève. Il s'agit d'une association à but non lucratif s'engageant pour le bien commun", annonce-t-il.
Des projets, il en a en fait plein sa besace, à l'image de sa collaboration récente avec StartupDigest, une société produisant chaque semaine une newsletter dont le but est de recenser, par ville et à l'échelle mondiale, les événements significatifs liés au domaine entrepreneurial. "Je m'occupe de Genève", précise-t-il. Une rencontre avec les pères du concept lors d'un voyage à la Silicone Valley est à la base de ce partenariat.
Alexis Moeckli ose, se lance. Et n'hésite pas à remettre en question ses convictions profondes. Passionné de musique classique, il achève sa matu en option spécifique musique en 2005, obtient un certificat d'études de piano au conservatoire en 2007 et envisage des études universitaires en musicologie. Mais ce parcours qui semblait tout tracé le mène à une impasse. "J'ai effectué un stage d'une semaine à l'uni et me suis rendu compte que le programme était trop théorique et ne me convenait pas du tout", avoue-t-il. Il ne le cache pas, cette révélation le chamboule. Et fait tomber des nues son entourage: "Son choix a surpris pas mal de monde", reconnaît Bérengère Tabin, sa camarade de classe en 3e année de collège.
Pour réfléchir à son avenir, une année sabbatique s'impose. Lors de celle-ci, il travaille notamment pour Corris - une agence de marketing récoltant des fonds pour des ONG -, voyage en Europe sac au dos pendant 4 mois, vend des magazines pour Ringier et décroche un job de télémarketing, où il fait la connaissance d'un entrepreneur à temps partiel et l'aide à monter sa boîte. Le business l'intéresse, sa voie est désormais toute trouvée: il fera HEC. "La plupart de mes amis sont dans des écoles d'art ou de musique. J'ai opéré un virage à 180 degrés. La première année a été assez difficile mais ça l'a fait", déclare Alexis Moeckli. Pris dans son élan, il décide de s'investir dans la Junior Entreprise, une association calquée sur un concept européen dont l'objectif est de proposer aux étudiants une expérience professionnelle. Il y oeuvre pendant 4 ans et en occupe la présidence une année, rencontrant Geneviève Morand, fondatrice de Rezonance, le réseau social professionnel romand. Cette femme dynamique propose de mettre en place un partenariat entre leurs deux organisations afin d'attirer les étudiants aux événements qu'elle propose.
Convaincue de la compétence du jeune homme, elle lui demande ensuite de l'épauler sur le projet de mise en place de La Muse, un espace de travail partagé. "J'ai travaillé pendant environ un an là-dessus - de septembre 2009 à juin 2010 -. Nous avons dû réfléchir à comment aménager l'ancienne imprimerie à disposition, nous pencher sur la structure juridique, penser à l'accueil des premiers co-workers, etc. Ça a été une année hyper enrichissante où il a fallu jongler avec beaucoup de paramètres", commente Alexis Moeckli.
Même s'il retourne régulièrement à La Muse, d'autres défis occupent désormais son quotidien, à savoir l'implantation en Suisse de Startup Weekend, un événement visant à lancer une startup en moins de 54h et l'organisation, en novembre prochain, de la première Global Entrepreneurship Week - "une semaine de fête de l'entreprise" - se déroulant en parallèle dans environ 115 pays du monde. Fait intéressant, l'étudiant HEC dit éprouver par le biais de ces activités demandant rigueur et créativité le même plaisir qu'en jouant d'un instrument, une pratique momentanément laissée de côté.
Mais dites-nous Monsieur Moeckli, à trop vouloir tout faire, ne court-on pas le risque de n'agir qu'en surface? "Le danger existe. En nous focalisant sur Startup Weekend - ndr. Il fait référence à son compère de faculté Cyril Dorsaz, qui collabore avec lui dans le cadre de ce concept et du Global Entrepreneurship Week -, nous aurions pu atteindre plus rapidement nos objectifs mais on se lasse à ne faire que ça", déclare le jeune homme. Autre conséquence de cette hyperactivité extra-académique: le prolongement de la durée de ses études, qu'il espère terminer dans 6 mois.
Très enjoué et expressif lorsqu'on le questionne sur ses projets professionnels, Alexis Moeckli fait preuve d'une certaine retenue au moment d'évoquer sa vie privée. "C'est quelqu'un qui ne va pas se mettre en avant. Il se dévoile petit à petit", indique Denis Rosset, l'un de ses amis. Au même titre que Bérengère Tabin, il mentionne sa générosité, le fait qu'on puisse compter sur lui. "Il est plutôt mystérieux", ajoute son amie du collège. Justement: que nous réserve encore Alexis Moeckli?
Ludovic Pillonel
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