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RH et psychologues s'unissent contre le burn out

Marché de l'emploi -
19 novembre 2010


RH et psychologues s'unissent contre le burn out
Organisée par l'AGPsy -l'Association Genevoise des Psychologues- en partenariat avec HR Genève, une conférence sur le thème du burn out a eu lieu à la bibliothèque de l'Université de Genève (Uni-Mail) mercredi 10 novembre dernier.
"Burn out: Psychologues et Ressources Humaines s'unissent pour mieux le prévenir et le gérer." Comme une telle dénomination l'indique, la conférence tenue au bout du lac avait pour but d'encourager le rapprochement entre les représentants des RH et les psychologues. Un rapprochement encore impensable il n'y a pas si longtemps.
"Cela fait maintenant plus de dix ans que je m'occupe de la problématique du burn out et une telle collaboration n'existait alors pas", explique Catherine Vasey, intervenante en tant que psychologue affiliée à la société NoBurnout.
Mais le burn out, c'est quoi? Les différentes façons de l'écrire - "burn out", "burn-out" ou "burnout" - donnent une bonne image du flou régnant encore à l'heure actuelle autour de ce concept identifié dans les années 1970 aux Etats-Unis. Pas reconnu médicalement, le "concept de burn out", est généralement assimilé à un état d'épuisement professionnel entraîné par un stress chronique subit durant un laps de temps relativement long. Elle-même victime d'un burn out, Catherine Vasey insiste sur le fait qu'il s'agit, contrairement à la croyance générale, d'un processus et non d'un état. "Les conséquences de la fatigue contractée au travail se font sentir généralement après six mois voire une année. On peut parler d'une usure professionnelle à petit feu débouchant à un moment donné sur un "˜pétage de plombs.' Comme lorsque deux tissus se frottent durant un certain temps et que ça finit par faire un trou."
Conséquence tragique possible
Une fois ce dernier stade atteint, l'incapacité à travailler se fait sentir. La personne touchée par un burn out sera moins efficace dans ses tâches quotidiennes, aura tendance à commettre des erreurs, pourra faire preuve d'agressivité envers ses collègues et par là même être de plus en plus isolée. Une sorte d'engrenage, la fatigue accumulée influençant l'humeur qui contribuera à donner et se donner une image négative débouchant sur la déprime et, dans les cas extrêmes, le suicide.
Une telle situation de désarroi peut par ailleurs être communicative. "Devant la détresse de leur collaborateur, il arrive que d'autres membres de la société craquent aussi parce qu'ils se rendent compte qu'ils ont les mêmes conditions de travail", déplore Catherine Vasey.
Les sujets au burn out
Les personnes les plus enclines à souffrir d'un burn out sont celles qui s'investissent à fond dans leur travail, au risque d'en oublier de s'occuper de leur propre bien-être. A l'image de Philippe, le passionné de hockey cité par l'intervenante. Chargé de développer un département en Suisse pour le compte d'une multinationale, ce senior finance manager multipliait les heures supplémentaires, au point de ne quasiment plus pouvoir pratiquer son sport favori et de mettre en danger sa vie de couple. Résultat des courses? Cette situation de déséquilibre caractérisée par une fatigue et une dépense d'énergie non compensées par des périodes de ressourcement a conduit au burn out.
"La vie privée et la vie professionnelle sont des vases communicants. Souvent, les gens parviennent à compenser le stress du travail par leurs activités extraprofessionnelles", explique Catherine Vasey. Mais l'écoute de soi doit aussi se réaliser au bureau. Il est par exemple conseillé de bouger le corps environ trente minutes par jour. A ce titre, voici une astuce intéressante proposée par la psychologue de NoBurnout: "Vous pouvez mettre un objet utile à distance pour avoir à vous déplacer régulièrement", proposait-elle à l'assistance.
Comment prévenir le burn out?
Le burn out étant une affection psychophysiologique à traiter de manière individuelle, il est important pour les entreprises de lui accorder une approche au cas par cas. Dans cette optique, les psychologues mandatés, s'ils veulent identifier les éventuels souffrants, devront procéder à une interrogation reconduite sur la durée auprès de chaque membre de la société.
Mais Catherine Vasey l'affirme, pour que la prévention fonctionne, les ressources humaines ne sont pas à exclure de l'équation. "Les RH doivent être informés, collaborer avec un réseau de professionnels externes (médecins généralistes, psychologues, ...) et accompagner lors de la reprise du travail en faisant preuve de flexibilité", disait-elle notamment.
Preuve que les mentalités changent, l'exposé de Catherine Vasey était suivi de deux exemples de mobilisation d'entreprises pour la santé de leurs collaborateurs. Le premier concernait le Grand Théâtre de Genève. Il était présenté par Jérémy Annen, son directeur des ressources humaines. Après une période noire en matière de conditions de travail ponctuée par un suicide, la ville de Genève, qui subventionne la fondation exploitant les lieux, décidait de prendre les choses en main pour offrir des prestations dignes de ce nom aux collaborateurs.
Parmi les mesures d'accompagnement mises en place figure notamment un programme de management des absences, qui prévoit un entretien après chacune d'elles. Toujours plus de personnes de l'encadrement y prennent part à mesure qu'elles s'accumulent, jusqu'à y intégrer la direction lors de la 5e entrevue.
Norma Rota, membre des RH chez Caterpillar, montrait finalement comment des infirmières puis des psychologues avaient été mandatées pour assister les ressources humaines de sa société dans leur traque du mal-être au travail, un exercice appelé à se répandre au sein des entreprises.
LP
Article à paraître également dans le prochain numéro de Persorama
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