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Avant le plafond de verre, le plancher collant freine la carrière des femmes

Marché de l'emploi -
14 juin 2017


Avant le plafond de verre, le plancher collant freine la carrière des femmes

A bien des égards, le monde du travail favorise encore largement les hommes. Salaires élevés et postes à responsabilité sont plus difficiles à obtenir pour les femmes. Mais un autre obstacle les freine dans leur ascension professionnelle : le plancher collant.

On connaît le fameux plafond de verre qui désigne la difficulté que rencontre la gent féminine à accéder aux fonctions dirigeantes. Mais bien avant de pouvoir prétendre aux hautes sphères hiérarchiques, les femmes sont souvent victimes du phénomène du «plancher collant». Cette expression peu sexy désigne leur difficulté à s'extirper des jobs subalternes en début de carrière.

Promotions fonctionnelles dures à obtenir

Si les hommes arrivent à gravir les échelons peu de temps après leur entrée dans le monde du travail, il n’en n’est pas de même pour les femmes, qui ont plus tendance à stagner. Elles peinent en particulier à obtenir des promotions dites «fonctionnelles». C'est-à-dire pour des postes plus complexes, nécessitant de développer des connaissances plus larges, plus techniques, plus pointues, et d’être en contact avec de nombreux interlocuteurs. C'est ce qui ressort d'une étude menée par des chercheurs belges durant l’année 2014. Ils ont envoyé plus de 1000 CV fictifs féminins et masculins en réponse à des annonces pour des emplois présentant une évolution fonctionnelle par rapport aux anciens jobs des faux postulants. Les «candidats» présentaient tous des profils similaires: un niveau Bachelor ou Master avec 4 ou 5 ans d’expérience. Le résultat est cinglant, les dossiers des femmes ont obtenu 33% de réponses en moins que ceux des hommes.

Stéréotypes et autocensure

Pour les chercheurs, la raison d’une telle disparité réside dans la représentation très figée que beaucoup de personnes ont de chaque sexe. Les hommes sont souvent considérés comme plus compétents, plus fiables et plus productifs, donc plus aptes à gérer des dossiers complexes et traiter avec des clients. Le choix des RH seraient aussi involontairement dicté par l’autocensure même des femmes, moins présentes dans des fonctions difficiles en début de carrière, car souhaitant privilégier leur vie de famille.

Par contre, bonne nouvelle, cette même étude prouve que pour des postes impliquant une promotion «managériale», c’est-à-dire offrant plus d’autorité, les femmes recevaient autant de réponses à un entretien d’embauche que les hommes. Pour les chercheurs, cela s’explique par le fait qu’elles sont considérées comme compétentes dans l’encadrement d’un groupe, car humaines et à l’écoute des autres.

Intimement lié avec le plafond de verre, le plancher collant est un phénomène, qui, s’il vient d’être mis en lumière, devraient pourtant interpeller. Car comment une femme pourrait atteindre un poste de directrice, et ainsi briser le fameux plafond de verre, s'il lui est déjà si ardu d'obtenir des fonctions plus complexes en début de carrière? Une chose est sûre, il y a encore fort à faire pour atteindre l’égalité des sexes dans le monde professionnel.


Christelle Genier



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