On connaît bien le burnout, le syndrome d’épuisement professionnel, mais on connaît moins le bore-out. Il s’agit en fait du phénomène contraire. Là où la victime du burnout est submergée par le travail et ne sait plus comment s’en sortir, la personne qui souffre de bore-out est, elle, submergée par l’ennui dans son job.
Le terme «bore-out» («bore» = «ennui» en anglais) est aussi appelé «syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui». Il est considéré comme un trouble psychologique ayant des effets aussi néfastes sur l’employé que le burnout. Les personnes qui en souffrent ne sont pas des employés fainéants comme on pourrait le croire, mais des personnes qui n’ont pas assez de travail pour remplir leurs journées.
Si certaines personnes rêveraient de se tourner les pouces au bureau, dans la réalité, le fait de n’être pas suffisamment occupé peut devenir un vrai poids au bout d’un certain temps. L’employé qui passe sa journée à ne rien faire finit par se désintéresser de son travail, il se sent inutile, frustré et dévalorisé. Le fait d’être engagé pour effectuer des tâches répétitives ou peu motivantes par rapport à ses compétences induit aussi un ennui au travail.
Les conséquences du bore-out sont importantes puisqu’elles peuvent mener à la dépression. Surtout que les personne qui vivent cette situation se sentent isolées et souffrent généralement en silence: dans une société où être surchargé de travail est plutôt la règle, il n’est pas facile d’avouer que l’on n’est pas assez occupé. Cette souffrance psychique induit aussi des problèmes physiques, comme le révèle l’article «Bored to death», publié dans l’International Journal of Epidemiology d’Oxford en 2010. Les auteurs y indiquent que les personnes qui s’ennuient au travail sont 3 fois plus sujettes que les autres aux maladies cardio-vasculaires.
Le phénomène commence à être reconnu aussi dans notre pays. Selon plusieurs études, entre 10 et 15 % des travailleurs suisses seraient frappés par le bore-out. Les personnes concernées travaillent généralement dans de grandes entreprises et des administrations, où l’inactivité d’un employé passe plus facilement inaperçue.
Christelle Genier