Prendre le temps de ralentir. C’est désormais une nécessité, à l’heure où nombre d’employés sont tellement stressés qu’ils finissent par être victimes de dépression légère, voire de burnout. En Suisse comme ailleurs, le temps consacré au travail grimpe de façon constante. Au Québec par exemple, il a augmenté de 4 heures hebdomadaires depuis 1998, selon Radio Canada. Chez nous, la problématique atteint des extrêmes dans le milieu hospitalier: les conditions de travail légales ne sont pas respectées pour 70% des médecins assistants suisses. «Un quart des médecins-assistants en Suisse travaille plus de 60 heures par semaine, dénonce leur association professionnelle. Leur santé et celle des patients seraient en jeu», écrit l’ATS.
Forcément, plus le temps passé au travail augmente, plus le temps libre diminue. Or un équilibre entre vie professionnelle et vie privée est indispensable pour garder une bonne santé mentale. «Les burnouts et les problèmes de santé mentale sont intrinsèquement associés à l'organisation du travail et aux méthodes de gestion qui vont pousser les gens à des comportements qui ne sont pas nécessairement bons pour la santé, comme sauter les pauses», explique Angelo Soares, professeur au département d'organisation et ressources humaines à l'Université du Québec. Certes, vous n’accomplissez aucune tâche pendant la pause, mais le fait de s’arrêter ne serait-ce que 5 minutes de temps en temps permettra d’en gagner beaucoup plus sur une journée de travail. Sur le long-terme, les collaborateurs qui enchaînent les heures derrière l’écran y compris à midi, quand ils avalent un sandwich sans décoller de leur chaise, mettent leur santé mentale en danger.
En Suisse, selon l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), 17% de la population active se dit toujours ou souvent stressée au travail. Dans un communiqué publié en février dernier, l’OFS indique aussi que 18% des actifs ont le sentiment d’être vidés émotionnellement, traduisant ainsi un risque d’épuisement professionnel (burnout). Les personnes très stressées au travail ou risquant d'avoir un burnout ont une probabilité cinq ou six fois plus élevée d’avoir une dépression que les actifs occupés qui ne sont pas soumis à de telles tensions, rappelle l’OFS.
Vous l’aurez compris: le stress au travail a un impact direct sur votre santé mentale. Et si les employés le gèrent mal, ils seront les premiers à en payer les frais. A eux de mettre les limites, avant qu’il ne soit trop tard, car vouloir trop en faire ne profite pas non plus à l’entreprise (la baisse de productivité et l’incapacité de travail guettent).
C.G.