" Savez-vous quelle est la clé du succès ? se baser sur l'output et non pas sur l'input ". C'est suite à cette phrase que je me suis approché d'un personnage charismatique du monde de l'emploi et même au-delà : Monsieur Daniel Porot. Auteur de plus de 20 ouvrages de référence, il est à la tête d'une équipe spécialisée dans la gestion de carrière et la recherche d'emploi. Leur but ? aider le plus possible les chômeurs à se réinsérer dans la vie professionnelle et à reprendre confiance en eux en se posant les bonnes questions.
Comment est-ce que vos livres sont devenus incontournables ?
Il y a environs 20 ans, une crise économique est survenue en Suisse. Quelque chose d'inimaginable jusque-là : on allait supprimer des postes d'emplois. Cela se concrétisa par des licenciements massifs dans tous les secteurs, faisant baisser le revenu des travailleurs et recréant le chômage permanent. Les trente glorieuses étaient finies et avec le début de la crise économique, qui se fait encore ressentir, les entrepreneurs prirent conscience de la nécessité d'économiser rapidement à travers, notamment, des licenciements. Le " dolce far niente " vivait ses dernières heures. Les demandeurs d'emploi se firent de plus en plus nombreux et il fallait s'en occuper. Quelques années plus tard, l'idée est née: permettre à tout un chacun de retrouver un poste, même dans un autre secteur, à travers des livres et des conseils.Installé à Genève, depuis plus de 30 ans, Daniel Porot s'est imposé par ses écrits, puis à travers une méthode, portant son nom, adoptée par certains cantons romands.
Après autant d'ouvrages, vous n'êtes pas tombé dans le piège de la répétition... Quel secret avez-vous ?
En réalité ce sont les demandeurs d'emploi présents dans les stages qui me donnent des idées. Annuellement, 3-4000 personnes fréquentent ces opportunités données ; la ligne directrice est : un stage (ou cours), une problématique (entretien, CV, salaire...). Les candidats connaissent le canevas du cours pour se préparer à poser des questions relatives au thème abordé et par la même occasion, le cabinet réfléchit à des idées de livres relatifs aux questions les plus pertinentes. Certains livres ont la prétention d'éclairer une personne sur un sujet générique, alors que d'autres sont pour un thème précis, dérivant souvent du générique.
Rédiger une lettre de motivation spontanée est ennuyeux. On ne sait jamais quoi mettre et presque sûr que cela ne va pas marcher. Quelques trucs et astuces ?
Bien souvent, les personnes envoient des lettres à tout bout de champs pour ne pas faire trop d'efforts d'une part, mais également pour remplir les critères demandés par le chômage. Pour les personnes souhaitant réellement trouver du travail, la meilleure solution reste évidemment les lettres ciblées. "Néanmoins, si le candidat souhaite envoyer des lettres génériques, il ne faut pas perdre de vue ces quatre éléments :
1) L'intitulé de la lettre doit s'adresser à la bonne entreprise et à la bonne personne sans jamais omettre la présentation (grammaire, orthographe)
2) une lettre type, adressée à toutes les entreprises, n'a quasiment aucune chance d'aboutir. On estime à moins de 5% le taux de réussite par ce biais.
3) une lettre écrite pour chacun des secteurs souhaités, mais également les cibler par région, fait que les taux de succès peuvent monter à 40% ! Une lettre "spontanée" faite pour plus de 15 entreprises devient imprécise et n'est donc pas prise en considération.
4) ne jamais dire " ce que j'ai " mais ce que je peux offrir à l'entreprise.
Les CV restent pour moi une question clé dans mes interviews. J'ai voulu continuer sur cette lancée en demandant à Monsieur Porot ce que signifiait un " bon CV " dans le cadre, par exemple, d'une offre spontanée ?
"Qu'est-ce qu'un bon CV ? Un bon CV ce n'est pas de CV ". Phrase provocante s'il en est, mais, une fois expliquée, tout à fait à la hauteur de la méthode Porot : Concrétiser des questions que tout le monde se pose en y répondant simplement et didactiquement. Sur le 100% de personnes recrutées, 15% sont faits par le biais du marché ouvert et 85% par le biais du marché caché (Cf. l'article du jobticmag : Avant de postuler, connaissez les marchés !). " Dans 85% des annonces du marché ouvert , on demande un CV, donc il n'y a pas le choix. Le marché caché, quant à lui, ne demande pas de curriculum, ce sont des offres spontanées ; c'est dans ces cas qu'il faut en profiter. La lettre doit être claire, sans faute, sur une page mais surtout consacrant 2 à 3 paragraphes à ce que l'on peut offrir d'intéressant à l'entreprise. "
Quelles informations devrait-t-on trouver dans les différentes parties d'un CV ?
La formation : il ne faut mentionner que le dernier, voir les deux derniers, diplômes ou titres reçus. Il faut se rappeler que les titres ne veulent pas dire grand chose s'ils ne sont pas accompagnés de 2-3 points résumant ce que l'on a appris lors de sa formation et qui peut servir à l'employeur approché. Il importe de se rappeler qu'il est inutile d'insérer des points qui ne seront pas parlant pour l'entreprise.
Langues : évidemment importantes à mentionner mais, selon les métiers, ne pas trop s'y attarder.
Expériences : développer les points clés d'une activité faite, pour mettre en lumière les capacités que l'on a à s'adapter, se débrouiller, prendre des initiatives ou autres points mettant en valeur des caractéristiques intrinsèques au candidat.
Hobbies : Il est bien de voir que la personne possède des intérêts hors de son travail, mais il ne faut pas non plus exagérer. Cela aurait pour unique but de susciter la suspicion chez un employeur potentiel qui pourrait se demander si " la vie du candidat ne commence pas après 17 heures ! "
Ne jamais perdre de vue que tout ce qui est dit est très variable dit Daniel Porot : " il y a 49% de gens qui aiment que les hobbies soient mentionnés et 51% qui n'aiment pas " il n'est donc pas très étonnant de savoir qu'il n'existe pas une attitude précise. Sachant que, quoi qu'on fasse est faux, le candidat doit présenter un curriculum représentatif de sa personne.
Pour chaque point mentionné ci-dessus, un bref développement s'impose afin d'aider l'entreprise, à comprendre un profil. Il ne faut jamais essayer de montrer ce que l'on a, mais bien ce que l'on peut apporter à l'entreprise. Un point récurant dans tous ses livres peut se résumer ainsi : " Devenir offreur de service pour ne plus être demandeur d'emploi " (Comment trouver une situation, Daniel Porot - CF " votre bibliothèque " danssous la rubrique du Jobticmag)
L'attitude que le chômage devrait adopter face aux personnes flouant le système ?
La réponse n'ait évidemment pas aisée ; Pour Monsieur Porot, les gens qui le font s'auto-punissent. En effet, ils ont l'impression de gagner à court terme, mais se détruisent à long terme. Ne sachant plus comment chercher réellement du travail, elles ne sont plus actives et n'ont plus les bons réflexes pour trouver du travail. Il faudrait donc, afin d'éviter de fausses recherches, les conduire à postuler là où leur taux de succès sera le plus élevé, afin de limiter leur temps de chômage... tout le monde y serait gagnant ! Une idée de laquelle il faudrait s'inspirer...
Raphael Sola