Dans l'entreprise, blagues sexistes, mails osés ou contacts physiques "apparemment dus au hasard" ne sont pas rares. Le lieu de travail est en effet un endroit plutôt propice à l'apparition de tels comportements pouvant mener à du harcèlement sexuel.
Une étude du Programme national de recherche "Egalité entre hommes et femmes" (PNR 60), réalisée par Franciska Krings, de l'Université de Lausanne, et de Marianne Schär Moser, de l'entreprise "Forschung und Beratung", a montré qu'un climat de respect au sein de l'entreprise prévient le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.
Les femmes plus vulnérables
Les résultats de l'étude sont sans appel. La moitié des salariés interrogés ont déjà été victimes d'un comportement "non souhaité et potentiellement harcelant". Une proportion qui est la même entre les hommes et les femmes. En revanche, les femmes ont une "inquiétude subjective" nettement plus élevée que les hommes (l'inquiétude subjective est un critère du harcèlement sexuel selon la loi sur l'égalité). Des différences ont également été constatées en fonction des régions linguistiques.
En Suisse allemande, 31,4% des femmes se sont déjà senties victimes de harcèlement sexuel au travail (contre 10,9% des hommes). En Suisse romande, elles ne sont que 17,6% (contre 7,3% des hommes) et 18,3% au Tessin (contre 5,7%). En raison de la réparation traditionnelle du pouvoir dans la société et des rapports de force physique, les femmes sont plus exposées au harcèlement sexuel que les hommes, ont constaté les chercheuses.
Ni agresseur type ni victime type
L'agresseur type ou la victime type n'existe pas. Le harcèlement sexuel peut potentiellement toucher tout le monde. Un des modules de l'étude a montré que 66% des femmes et 71% des hommes avaient avoué avoir déjà eu un comportement susceptible d'être assimilé à une forme de harcèlement sexuel (plaisanterie sexiste, discussion à caractère sexuel, diffusion de vidéos pornographiques, geste indécent, etc.). Un résultat inquiétant.
"Mais tous les résultats donnent à penser que la culture d'entreprise est déterminante pour l'apparition de cas de harcèlement sexuel, note le communiqué de presse. Dans un climat de travail sexualisé où les blagues à double sens font partie du quotidien, la probabilité d'incidents est nettement plus élevée. Un climat de travail marqué par le respect mutuel et les principes éthiques a un effet protecteur."
DM
