Selon le dernier rapport de l'Office fédéral de la statistique (OFS), le nombre des working poor en Suisse s'élevait à 130'000 personnes en 2011 (3,7% des actifs). 240'000 personnes actives seraient également menacées de pauvreté (6,9%). Bien que la pauvreté ait diminué depuis 2007, elle reste cependant encore une réalité en Suisse. Et sans surprise, elle touche les catégories de population les plus vulnérables: familles monoparentales, personnes actives sans formation, travailleurs étrangers, personnes seules, etc.
La pauvreté des actifs
En 2011, le seuil de pauvreté pour les actifs se situait à 2'350 francs par mois en moyenne pour une personne seule et à environ 4'100 francs pour deux adultes vivant avec deux enfants. Un seuil qui a fait apparaître quelque 130'000 personnes ne pouvant pas "acquérir les biens et services nécessaires à une vie sociale intégrée".
A en croire l'OFS, le meilleur antidote reste encore l'accès à la formation. Les personnes diplômées ont en effet deux fois moins de chance d'être touchées par la pauvreté que les actifs n'ayant pas suivi de formation. En 2011, le taux de pauvreté s'élevait respectivement à 3,4% pour les personnes diplômées contre 7,9% pour les personnes non diplômées.
Le taux de pauvreté est également plus élevé pour les familles monoparentales (17,4%) et les personnes seules sans enfant (7,6%). Les personnes engagées à temps partiel (5,1%) ou qui multiplient les CDD toute l'année (7,1%) sont deux fois plus exposées à la pauvreté que des actifs travaillant à plein temps (2,5%) ou exerçant une activité sur toute l'année (3,3%). Dans certaines branches de l'économie (hôtellerie et restauration), la pauvreté est également bien présente (7,7%). Les indépendants ne sont pas non plus épargnés (8,7%).
Le risque de pauvreté
En Suisse, une part non négligeable d'actifs est menacée de pauvreté. En général, des actifs gagnant moins de 60% de la médiane du revenu disponible équivalent. Par convention, le seuil est fixé par l'Union européenne. Il est appelé aussi seuil de pauvreté relatif. En Suisse, le risque de pauvreté menace près de 240'000 personnes. Le revenu équivalent inférieur au seuil de risque de pauvreté s'élève à environ 2'500 francs par mois pour une personne seule et à 5'100 francs pour deux adultes vivant avec deux enfants.
Le risque de pauvreté touche plus particulièrement les personnes actives vivant dans des familles nombreuses (17,3%), des actifs de nationalité étrangère d'Europe de l'Est et des pays extra-européens (16,8%) et des personnes vivant seules (8,1%). Le taux de risque de pauvreté en Suisse est cependant inférieur à la moyenne européenne (7,8% contre 8,9%). Il se situe en revanche bien loin des bons élèves comme la Finlande (3,9%), la Belgique (4,2) ou encore l'Autriche (5,4%).
La pauvreté est en baisse
Les indicateurs de pauvreté du rapport de l'OFS entre 2007 et 2011 sont cependant positifs. Ils montrent une diminution significative de la pauvreté en Suisse (de 5,7% en 2007 à 3,7% en 2011). Le taux de risque de pauvreté a également fortement diminué. Après une augmentation en 2008 à 9,1%, correspondant à une conjoncture défavorable, le taux de risque de pauvreté a ensuite chuté à 7% en 2010, avant de se stabiliser à 6,9% en 2011.
L'OFS a encore relevé que 90'000 personnes en Suisse souffraient de privation de matériel. Soit 2,5% des actifs occupés en Suisse. Les familles monoparentales (12,6%), les actifs sans formation (6,7%) et les personnes en CDD (ne travaillant qu'une partie de l'année) sont à nouveau les plus touchées. Le taux de privation matérielle des actifs occupés a d'ailleurs augmenté suite à la récession de 2009 de 4,2% à 5,2%, avant de redescendre à 2,5% en 2011.