Profitant de ce bel après-midi d'automne, l'ancien conseiller fédéral et président de la Confédération Pascal Couchepin lit tranquillement les journaux devant sa maison. Deux casques et des paires de gants appartenant aux jardiniers venus s'occuper de l'entretien de ses arbres ornent la table à laquelle il s'est assis. L'accueil se fait en toute décontraction, autour d'un café que cet homme à l'impressionnante carrière politique aura pris la peine d'aller faire.
Justement, Monsieur Couchepin, pourquoi avoir choisi cette voie ? "Je ne me voyais pas professeur ni médecin et n'étais pas suffisamment bon en maths pour devenir ingénieur", déclare-t-il avant d'ajouter : "La politique a toujours été ancrée dans ma famille. J'ai été élevé par des femmes, qui, bien qu'elles n'aient pas eu le droit de vote, jugeaient cette activité noble."
La politique comme réaction face à la mort de la figure paternelle aussi. "Je n'ai pas connu mon père, décédé d'une crise cardiaque à l'armée. Je me suis alors demandé : Comment un état a-t-il le droit de prendre la vie de quelqu'un ?", confesse le Valaisan.
Des réflexions, Pascal Couchepin n'en est jamais à cours. Aussi, lorsqu'on le questionne sur la viabilité du système éducatif suisse, un domaine ayant de surcroît fait partie de son cahier des charges au Département fédéral de l'intérieur, l'avocat de formation n'a-t-il aucune peine à émettre une opinion. En premier lieu, il déplore la faible importance accordée aux matières scientifiques lors de son parcours post-scolaire et académique au Collège de Saint-Maurice puis à l'Université de Lausanne. "Je suis favorable à une philosophie de formation humaniste et pluridisciplinaire", indique-t-il.
Selon lui, acquérir des connaissances généralistes contribue au développement de la personnalité et renforce ses compétences : "Être renseigné sur les traditions et l'histoire relatives aux différentes sociétés permet de voir plus loin, c'est comme monter sur les épaules d'un géant. J'ai parfois l'occasion de discuter avec des gens brillants mais plutôt étroits d'esprit, ce qui est plutôt inquiétant", déclare-t-il.
D'après ses observations, la formation professionnelle, pour répondre à la redéfinition des métiers, prend le chemin correspondant au raisonnement qu'il soutient. Cette nouvelle orientation constitue un virage à 180 degrés par rapport à l'époque de ses débuts en politique : "En 40 ans, le changement a été total. Dans un premier temps, la formation professionnelle était unidirectionnelle. Les Arts et Métiers étaient partisans de la spécialisation pour que les personnes restent attachées à leur branche. Aujourd'hui, on assiste à un éclatement des métiers. Les approches sont plus larges et donnent la possibilité de changer de carrière", analyse Pascal Couchepin. "L'entreprise évolue : Les gens sont désormais liés à un savoir-faire, moins à une société en particulier."
Au regard des autres pays, l'ancien conseiller fédéral estime que la Suisse bénéficie d'un système de formation "assez remarquable", avec quelques différences de perception en fonction des régions linguistiques. Ainsi, selon lui, "l'apprentissage est plus valorisé en Suisse alémanique." Les titulaires d'une maturité professionnelle, un diplôme exigeant qui nécessite de concilier travail et études, sont considérés comme "l'élite" par Monsieur Couchepin. Au niveau tertiaire, il plaide pour "maintenir et accroître la flexibilité." Il voit d'un bon oeil la mise en place de programmes type Erasmus offrant la possibilité de s'enrichir sur le plan personnel. En matière d'apprentissage, les nouvelles technologies ont ses faveurs, à condition de les envisager comme un "moyen et non une fin."
Pascal Couchepin s'est également prononcé sur les problématiques actuelles associées au monde du travail à l'échelle suisse. Compte tenu de la faible importance de sa population active, notre pays ne peut d'après lui pas se passer de l'apport de l'immigration, notamment dans les domaines et professions enregistrant une pénurie de personnel, à l'image de l'ingénierie, du métier d'infirmier/ infirmière et de certaines professions du bâtiment. Le manque de médecins est selon lui un faux problème car il s'agirait avant tout d'une mauvaise répartition.
Et les femmes, encore sous-représentées dans certains corps de métiers ? "J'ai rencontré l'autre jour une jeune mécanicienne dans un garage de Martigny. Son patron m'a dit que c'était sa meilleure apprentie. Petit à Petit, les préjugés tombent mais ils existent encore. Aux USA, la recherche compte 50% de femmes contre 20% en Suisse. La technique peut intéresser les femmes", déclare-t-il. Quant aux seniors, Pascal Couchepin indique qu'il faut "les aider à rester efficaces" car ils peinent souvent à retrouver de l'embauche en cas de licenciement.
Pour réagir face au franc fort, le jeune retraité encore très actif - il prévoit notamment de se rendre à Moscou, Bruxelles et New York avant la fin de l'année (ndr. 2011) - préconise l'augmentation des heures de travail, "un moyen de sauver des emplois plus efficace que l'élaboration de réglementations étatiques rigoureuses."
Justement, Monsieur Couchepin, pourquoi avoir choisi cette voie ? "Je ne me voyais pas professeur ni médecin et n'étais pas suffisamment bon en maths pour devenir ingénieur", déclare-t-il avant d'ajouter : "La politique a toujours été ancrée dans ma famille. J'ai été élevé par des femmes, qui, bien qu'elles n'aient pas eu le droit de vote, jugeaient cette activité noble."
La politique comme réaction face à la mort de la figure paternelle aussi. "Je n'ai pas connu mon père, décédé d'une crise cardiaque à l'armée. Je me suis alors demandé : Comment un état a-t-il le droit de prendre la vie de quelqu'un ?", confesse le Valaisan.
Des réflexions, Pascal Couchepin n'en est jamais à cours. Aussi, lorsqu'on le questionne sur la viabilité du système éducatif suisse, un domaine ayant de surcroît fait partie de son cahier des charges au Département fédéral de l'intérieur, l'avocat de formation n'a-t-il aucune peine à émettre une opinion. En premier lieu, il déplore la faible importance accordée aux matières scientifiques lors de son parcours post-scolaire et académique au Collège de Saint-Maurice puis à l'Université de Lausanne. "Je suis favorable à une philosophie de formation humaniste et pluridisciplinaire", indique-t-il.
Selon lui, acquérir des connaissances généralistes contribue au développement de la personnalité et renforce ses compétences : "Être renseigné sur les traditions et l'histoire relatives aux différentes sociétés permet de voir plus loin, c'est comme monter sur les épaules d'un géant. J'ai parfois l'occasion de discuter avec des gens brillants mais plutôt étroits d'esprit, ce qui est plutôt inquiétant", déclare-t-il.
D'après ses observations, la formation professionnelle, pour répondre à la redéfinition des métiers, prend le chemin correspondant au raisonnement qu'il soutient. Cette nouvelle orientation constitue un virage à 180 degrés par rapport à l'époque de ses débuts en politique : "En 40 ans, le changement a été total. Dans un premier temps, la formation professionnelle était unidirectionnelle. Les Arts et Métiers étaient partisans de la spécialisation pour que les personnes restent attachées à leur branche. Aujourd'hui, on assiste à un éclatement des métiers. Les approches sont plus larges et donnent la possibilité de changer de carrière", analyse Pascal Couchepin. "L'entreprise évolue : Les gens sont désormais liés à un savoir-faire, moins à une société en particulier."
Au regard des autres pays, l'ancien conseiller fédéral estime que la Suisse bénéficie d'un système de formation "assez remarquable", avec quelques différences de perception en fonction des régions linguistiques. Ainsi, selon lui, "l'apprentissage est plus valorisé en Suisse alémanique." Les titulaires d'une maturité professionnelle, un diplôme exigeant qui nécessite de concilier travail et études, sont considérés comme "l'élite" par Monsieur Couchepin. Au niveau tertiaire, il plaide pour "maintenir et accroître la flexibilité." Il voit d'un bon oeil la mise en place de programmes type Erasmus offrant la possibilité de s'enrichir sur le plan personnel. En matière d'apprentissage, les nouvelles technologies ont ses faveurs, à condition de les envisager comme un "moyen et non une fin."
Pascal Couchepin s'est également prononcé sur les problématiques actuelles associées au monde du travail à l'échelle suisse. Compte tenu de la faible importance de sa population active, notre pays ne peut d'après lui pas se passer de l'apport de l'immigration, notamment dans les domaines et professions enregistrant une pénurie de personnel, à l'image de l'ingénierie, du métier d'infirmier/ infirmière et de certaines professions du bâtiment. Le manque de médecins est selon lui un faux problème car il s'agirait avant tout d'une mauvaise répartition.
Et les femmes, encore sous-représentées dans certains corps de métiers ? "J'ai rencontré l'autre jour une jeune mécanicienne dans un garage de Martigny. Son patron m'a dit que c'était sa meilleure apprentie. Petit à Petit, les préjugés tombent mais ils existent encore. Aux USA, la recherche compte 50% de femmes contre 20% en Suisse. La technique peut intéresser les femmes", déclare-t-il. Quant aux seniors, Pascal Couchepin indique qu'il faut "les aider à rester efficaces" car ils peinent souvent à retrouver de l'embauche en cas de licenciement.
Pour réagir face au franc fort, le jeune retraité encore très actif - il prévoit notamment de se rendre à Moscou, Bruxelles et New York avant la fin de l'année (ndr. 2011) - préconise l'augmentation des heures de travail, "un moyen de sauver des emplois plus efficace que l'élaboration de réglementations étatiques rigoureuses."
LP
Interview publiée sous une forme raccourcie dans le 3e guide romand de la formation professionnelle