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Comment bien remettre son entreprise?

Arbeitsmarkt -
19 Dezember 2011


Comment bien remettre son entreprise?
Dans son allocution d'introduction à cette conférence Rezonance, le directeur du service marketing du Centre Patronal Christian Masserey a fait état de la difficulté souvent engendrée par la reprise d'affaires, une difficulté constatée par son organisation et ayant contribué à la mise sur pied de la plateforme Relève PME en 2008.
Remettre sa société peut également être une grave source de déconvenue. Le directeur a cité, à titre d'exemple, les problèmes rencontrés par une connaissance à la tête d'un commerce réputé, construit et géré pendant 40 ans. Sans 2e pilier, cette personne a cherché pendant deux ans un repreneur avant de céder le tout à un bradeur.
La destruction de valeur dans la transmission d'entreprise : passage obligé ?
Co-fondateur d'Aiguillage SA, une société d'accompagnement dans la transmission d'entreprises, Gilles Gautier a rappelé qu'en Suisse, 85% de celles-ci sont familiales et régies par trois principes : "le patron est irremplaçable", "l'entreprise est unique" et "la maximisation du prix de vente est une évidence." Réussir sa remise implique d'examiner et mettre en doute ces a priori.
Concernant le premier point, Gilles Gautier a indiqué que, bien souvent, les chefs d'entreprise ne planifient pas leur succession. Ils connaissent en outre personnellement leurs clients, ce qui ne facilite pas la tâche de leurs successeurs en cas de reprise au pied levé.
Le modèle d'affaires, prévoyant la gestion des aspects fondamentaux par sa direction stratégique, n'est en outre pas remis en cause en vertu du caractère unique attribué à l'entreprise. Ce manque d'introspection peut également nuire au développement de la société.
Enfin, la valeur émotionnelle revêtue par l'entreprise fait qu'elle n'est souvent pas évaluée selon sa valeur réelle. Le cédant à "tendance à oublier les mauvaises années", a précisé Gilles Gautier. La deuxième partie de son exposé a consisté en la présentation de trois cas tirés de son expérience dans le domaine. "55 ans : c'est l'âge idéal pour commencer à se demander comment transmettre son entreprise", a-t-il conclu.
Quel repreneur pour mon entreprise ?
Pascal Fumeaux est le fondateur d'Invest Sàrl. Il dénombre deux étapes successives à observer lors de la remise d'une entreprise : la phase de préparation (planification, anticipation des risques) et la phase de recherche (négociation avec le/les repreneur(s) potentiel(s)).
De même, il répertorie quatre types de reprises possibles, avec des enjeux différents pour chacune d'elles : la première consiste à céder son affaire à un/des membre(s) de la famille. Cela peut impliquer des problèmes de liquidités (liés au dédommagement des autres descendants) ou d'ordre psychologique.
La reprise par des membres du personnel demande des fonds propres de leur part (un contre-exemple a toutefois été présenté ultérieurement par madame Miauton) ; le rachat par un financier ou une institution (private equity) requiert de connaître ses intentions afin d'éviter de tomber sur des gens peu scrupuleux. Il est également important d'être bien informé sur son secteur lorsqu'on confie son entreprise à un concurrent.
Il convient enfin de noter que le prix à fixer dépend du repreneur et du secteur. Plusieurs méthodes d'évaluation existent pour se faire une idée du poids de son affaire en termes comptables : on peut par exemple s'appuyer sur la valeur intrinsèque, la valeur de rendement, les entreprises comparables cotées en bourse ou des opérations similaires ayant déjà eu lieu.
L'expérience d'un management buy out réussi
Fondatrice et unique directrice de la société M.I.S Trend SA pendant plus de 30 ans, Marie-Hélène Miauton est venue parler de son passage de témoin bien négocié, et ce même si ses successeurs n'avaient pas de quoi investir.
A 55 ans - précisément l'âge conseillé par Gilles Gautier -, cette cheffe d'entreprise a décidé de songer à céder son bien alors que tout fonctionnait pour le mieux. "Je considère qu'il y a trois situations de danger grave pour une société : lorsqu'il n'y a pas de boulot, lorsqu'il y a trop de boulot ou lorsque l'entreprise va bien, qu'elle ronronne voire dort", a-t-elle déclaré.
Alors dans ce 3e cas de figure, Hélène Miauton a senti le moment venu de laisser sa place, optant pour une transmission à 5 de ses cadres. "Ma fille ne voulait pas reprendre seule les rênes. J'ai choisi mes cinq préférés et leur ai fait la proposition", a-t-elle précisé.
Malgré leur enthousiasme, ceux-ci n'avaient pas d'argent à lui offrir. Qu'à cela ne tienne, ils prendraient dans un premier temps la direction opérationnelle de l'entreprise, réunis au sein d'une holding représentant 100% des actions de la boîte.
"Il faut s'y prendre à l'avance, transmettre une entreprise quand elle va bien", a commenté Hélène Miauton.
Elite, une reprise en douceur
Nouveau directeur d'Elite Beds, François Pugliese connaît un succès intéressant dans le cadre de sa reprise. Selon lui, le fait d'avoir eu à faire à une femme a contribué à la bonne marche des opérations. "Nous nous sommes rencontrés mi-janvier et tout était signé mi-février. D'après moi, la transmission ne se fait pas de la même manière avec une entrepreneuse."
En l'occurrence, la cédante voulait pérenniser sa société, un patrimoine reçu de son père et de son grand-père. Cette entreprise familiale possédant un joli savoir-faire et une belle image avait alors tendance à s'endormir. "La dernière brochure commerciale datait de 1990. Les machines étaient devenues obsolètes", a indiqué François Pugliese.
En provenance du milieu automobile, le repreneur ne connaissait à la base pas du tout le marché de la literie. Cinq ans après son arrivée, le volume d'affaires d'Elite SA a quadruplé, les bâtiments ont été agrandis, la gamme de produits s'est diversifiée et le nombre de collaborateurs a plus que doublé. Une évolution favorable dont madame Caillet, désormais membre du conseil d'administration, se réjouit sans doute.
LP
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