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Un coach ne conseille pas, il accompagne

Gestion de carrière -
16 mai 2012


Un coach ne conseille pas, il accompagne

Comme le rappelle Melinda Marchese dans un article publié sur Largeur.com, le coaching est sur toutes les lèvres. Pour répondre à la demande croissante, les cabinets et les particuliers pratiquant cette activité se sont multipliés mais le risque d'être mal conseillé existe car la profession n'est pas protégée.
Selon la même source, l'International Coach Federation (ICF) est pour l'heure la seule instance d'accréditation en Suisse romande. Cette organisation internationale a vu l'effectif de ses membres monter en flèche ces dernières années (de 6000 à 19000 entre 2003 et 2012). Le point sur cette institution et ce qu'est le coaching avec Françoise Depéry, Chapter Leader Suisse Romande de l'ICF.

JobticMag : Qu'est-ce que l'International Coach Federation et comment est-elle structurée ?
Françoise Depéry : Il s'agit d'une association fondée en 1995 aux Etats-Unis. Elle compte des adhérents dans 90 pays. Son objectif est d'obtenir la reconnaissance internationale du coaching d'un point de vue professionnel.
Il y a quinze ans, le coaching en était à ses balbutiements. De nombreuses formations, dont certaines de qualité, existaient pourtant déjà en Amérique (Les premiers coachs à avoir exercé en Suisse sont d'ailleurs issus de celles-ci).
La certification ICF a été créée pour faire office d'organe de contrôle et de promotion de la profession. Elle est désormais reconnue par les autorités européennes.
JobticMag : Comment définiriez-vous le coaching en quelques mots ?
Françoise Depéry : Le coaching est un service délivré par des professionnels pour aider les clients à trouver des réponses à des problématiques d'ordre personnel ou professionnel. Le coach et le client établissent un partenariat pour une certaine période dans le but d'arriver à des résultats concrets.
Les changements souhaités se font au rythme du client car les solutions trouvées et le cheminement vers elles doivent provenir de lui.
JobticMag : Quelles sont les différences entre coaching, consulting, psychothérapie et les autres professions de soutien et d'accompagnement ?
Françoise Depéry : Le coaching consiste à aider le client à gérer le changement en faisant appel à ses capacités propres. Il se centre sur aujourd'hui et demain. Cette profession est mieux identifiée que dans les années 2000 mais la confusion avec par exemple le métier de conseil en tout genre a tendance à persister. Un coach ne délivre pas de conseils, il motive la personne à agir dans la perspective de réaliser un ou plusieurs objectifs fixés au préalable. Son intervention est limitée dans le temps (maximum une année).
Un consultant a pour fonction de diagnostiquer un problème et de trouver lui-même des solutions pour le client ou l'entreprise. Quant au thérapeute, il se penche sur le passé de son interlocuteur dans le but de l'aider à surmonter les difficultés auxquelles il a ou aura à faire face. 
JobticMag : Qu'en est-il de la méthode de coaching. Chaque coach a-t-il la sienne ?
Françoise Depéry : Les outils sur lesquels nous nous appuyons proviennent de différents courants : la psychologie positive, la systémique, la PNL (Programmation neuro-linguistique), etc. Selon que l'on travaille avec des enfants, des adolescents ou des adultes, ce sera différent. Chaque coach crée sa propre méthode à partir de ses formations, ses lectures et des supports d'apprentissage qu'il emploie. Plus il aura consulté de sources et accumulé d'expérience, plus elle sera élaborée. D'où la nécessité de se former continuellement.
Pour qu'un coaching soit efficient, il faut s'assurer que le client a réellement envie de changement. Et que l'évolution souhaitée n'est pas de nature à lui nuire. Par exemple, une démission est-elle judicieuse si l'on a plusieurs enfants à charge ? Être coach ne signifie pas faire mettre des lunettes roses au client. Il faut lui faire prendre en compte toute sa réalité (positive et négative).
JobticMag : Quelles compétences une formation de coach cherche-t-elle à développer ?
Françoise Depéry : Le but est de travailler sur la capacité à communiquer avec les clients. Cela se traduit par le fait de savoir poser les bonnes questions, rebondir sur certains propos-clés pour vérifier si la personne est au clair avec ce qu'elle souhaite, interpréter le langage non verbal, etc.
L'International Coach Federation a défini 11 compétences de bases et demande de ne jamais exiger plus de séances que nécessaires pour atteindre l'objectif visé.
 
JobticMag : Qu'est-ce que la certification ICF ? A quels objectifs répond-elle ?
Françoise Depéry : Il s'agit d'un moyen d'établir des standards par rapport à l'activité des coachs et de faire respecter une déontologie. L'accréditation peut être fournie pour un programme de formation d'une école ou à titre individuel. Dans le premier cas, il est demandé à l'école un dossier détaillé sur le programme : nombre d'heures, pedigree des professeurs, exercices et examens proposés, vidéos des sessions.
Les coachs indépendants doivent pour leur part prouver qu'ils ont suivi, soit une formation certifiante, soit des cours dans une école et bénéficié d'au moins dix heures de supervision d'un collègue. Ils doivent également transmettre un dossier prouvant leur expérience : références des clients et nombre d'heures de coaching accumulées.
Les deux alternatives font l'objet d'une reconsidération tous les trois ans.
 
JobticMag : Comment trouver le coach parfait pour soi ?
Françoise Depéry : Il ne faut pas hésiter à voir plusieurs personnes avant de choisir le bon interlocuteur, en qui l'on a confiance. Rien n'empêche de se renseigner auprès des gens ayant été coachés autour de soi et de poser des questions au coach pour évaluer si sa manière de procéder est susceptible de vous convenir. Quelle est sa formation ? A-t-il une certification ? Combien de clients compte-t-il ? Quel est leur profil ? Quels sont ses tarifs ? A-t-il un superviseur ?

JobticMag :
Et qu'en est-il du coaching dans le milieu entrepreneurial ? Quelle évolution constatez-vous ?
Françoise Depéry : Il y a quelques années, les entreprises faisaient appel à un coach souvent en dernier recours. Il était donc souvent trop tard pour redresser la situation. Aujourd'hui, l'attitude est plus pro-active. Notre intervention est de plus en plus fréquemment sollicitée dans le cadre du développement des managers, après une évaluation à 360 degrés ou un assessment. Au début du processus, une réunion tripartite entre le DRH, la personne à accompagner et le coach a lieu pour définir les objectifs. Cette action se répète à la fin du mandat dans le but de valider le travail accompli.

Propos recueillis par LP

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