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Ces top managers qui privilégient leur vie de famille

Gestion de carrière -
28 mai 2013


Ces top managers qui privilégient leur vie de famille
La décision récente de quatre top managers de privilégier leur famille à leur carrière suscite la polémique dans les médias. Joe Hogan, directeur général d'ABB, Peter Voser, directeur général de Shell, Johann Rupert, président de Richemont et Prith Banerjee, directeur des techniques informatiques chez ABB, ont tous décidé de quitter leur fonction dans les prochains mois pour des motifs familiaux.
Alors que certains commentateurs y voient une véritable révolution de palais, d'autres, plus sceptiques, une série de départs organisés sous la contrainte... L'homme (post-)moderne aurait-il enfin décidé de privilégier sa vie de famille à sa réussite professionnelle ou est-ce, comme le laissent entendre certains, un simple leurre?
La tendance à la désacralisation du travail
Même si la polémique fait rage sur les véritables intentions de ces quatre top managers, et même si peu de travailleurs pourraient aujourd'hui se permettre de cesser tout activité professionnelle du jour au lendemain, la portée symbolique de leur geste révèle une tendance à la désacralisation du travail qui est à l'oeuvre aujourd'hui dans notre société.
Qui ne s'est pas, en effet, déjà questionné sur l'implication démesurée du travail dans sa vie privée? Qui n'a pas eu envie d'avoir davantage de temps libre pour s'occuper de sa famille, de ses amis ou encore de ses parents? Qui n'a pas aspiré à développer un espace de liberté où développer ses propres activités hors du travail?
Le questionnement est relativement neuf. Il trouve probablement son origine dans le culte de la personnalité qui caractérise aujourd'hui notre société. Il s'explique également par la démobilisation actuelle des travailleurs face à la menace de licenciement qui plane sur de nombreuses entreprises menacées par la crise.
Une nouvelle source de bonheur
Les employés licenciés vivent souvent très mal l'investissement de plusieurs années, voire d'une vie entière, balayé à cause d'une restructuration ou d'une délocalisation. Et le choc passé, le mal est fait. Bon nombre d'entre eux ne s'investiront plus de la même manière dans l'entreprise qui les engagera par la suite. Mais après tout, doit-on faire cadeau de son dévouement à des patrons qui n'en ont cure?
A notre époque, de plus en plus de gens se questionnent sur le sens de leur existence et le chemin qui mène au bonheur. Plus égoïstes, ou plus attentifs à leur propre bonheur, ou plus lucides sur les véritables ressorts de l'humanité, les individus (post-)modernes sont de moins en moins prêts à sacrifier une part importante d'eux-mêmes pour le travail. Les valeurs les plus essentielles ne sont plus le pouvoir, le profit ou la carrière professionnelle. Elles se situent dorénavant autour de la conquête d'un bonheur égotique et immédiat, un épanouissement authentique qui procure un sens à sa vie.
De nouvelles perspectives pour les hommes... et pour les femmes
La prise de conscience des hommes sur l'importance démesurée que peut prendre parfois le travail sur la vie affective brise un tabou et participe à la construction d'une nouvelle identité masculine qui ne se base plus désormais que sur le seul impératif de réussite. De plus en plus d'hommes revendiquent une place singulière au sein de la famille, un congé de paternité plus long, une meilleure répartition des tâches, un temps partiel partagé au sein du couple, etc. Les mentalités changent et ouvrent de nouveaux espaces de carrière aux femmes. L'équilibre entre la vie de famille et la carrière professionnelle serait-il enfin possible pour ces dernières?
Une carrière qui se calquerait sur le modèle masculin, sûrement pas. Les femmes comme les hommes d'aujourd'hui ont les mêmes revendications en terme de qualité de vie et de satisfaction du bonheur. La réponse est donc à rechercher avant tout dans la mise en oeuvre d'une vraie parité entre les femmes et les hommes, notamment dans le partage des tâches ménagères et dans l'équité salariale, dans le développement d'infrastructures pour la garde des enfants ou dans la possibilité d'adapter son horaire de travail sans pour autant devoir remettre en question sa carrière professionnelle.
Le plus important? En définitive, peut-être, que les hommes puissent concilier vie famille et vie professionnelle, ce que beaucoup de femmes souhaitent. En aparté. Et si les langues se déliaient grâce à nos quatre top managers?
DM
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Extrait du Journal du matin de la RTS La 1ERE sur la démission de quatre top managers, mardi 28 mai 2013. Pour l'écouter, CLIQUEZ ICI!
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