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Les générations X, Y et Z: une démarcation justifiée?

Marché de l'emploi -
17 novembre 2011


Les générations X, Y et Z: une démarcation justifiée?
Organisé dans les locaux de la Fédération des Entreprises Romandes (FER) Genève, le dernier First a fait la part belle à la gestion managériale des générations X (les 40-50 ans) Y (les trentenaires) et Z (les 18-30 ans). Après la traditionnelle introduction réalisée par Agnès Pfister - event and communication manager auprès de Rezonance -, la parole a été donnée à Olivier Sandoz, directeur général adjoint de la FER.
"Nous allons voir si cette séparation fait sens", a-t-il indiqué au sujet de la thématique de la soirée. Sans oublier de rappeler, en s'appuyant sur les propos critiques de Socrates à l'égard de ses jeunes concitoyens, que les conflits entre générations ont de tout temps existé.
Touche pas à ma génération
Serge Sironi, le fondateur de Capital Seniors, un cabinet de conseil s'adressant aux cadres seniors en entreprise, a dans un premier temps mentionné deux éléments importants à prendre en compte en toile de fond: le contexte économique difficile dans lequel nous nous trouvons et le vieillissement de la population. Dans cette optique, comment gérer les différentes générations? Premièrement, en évitant les caricatures, celles qui veulent que les seniors soient "peu flexibles" et les juniors "peu identifiés à l'entreprise."
"Il faut aller au-delà et voir les êtres humains", déclare Serge Sironi. Dès lors, quelle attitude managériale adopter ? "Un patron doit montrer la voie puis passer à l'action", indique-t-il.
Du point de vue de la stratégie, il s'agit d'"aider les collaborateurs à comprendre le sens de ce qu'on leur demande." En matière d'organisation, le fondateur de Capital Seniors a souvent constaté, en sa qualité de consultant, le no man's land lié à la gestion prévisionnelle RH. Il précise que le fait de s'intéresser à son personnel est une source de motivation pour ce dernier. Enfin, il souligne l'importance d'expliquer le plus tôt possible, lors du processus de recrutement, comment l'entreprise fonctionne afin d'éviter le surgissement ultérieur de dégâts dommageables pour les deux partis.
Table ronde
En l'absence d'Ago Cluytens, Serge Sironi a également pris part à la table ronde complétée par Hélène de Meire, Serge Mimouni et Yves Etienne, des intervenants choisis par les membres du réseau Rezonance. Beaucoup de choses ont été dites au gré des questions posées par Agnès Pfister et certaines personnes dans la salle. Nous avons choisi de les résumer d'après un certain nombre de mots-clés.
Management des jeunes générations (X et Y)
Yves Etienne est responsable des formations académiques et ancien chef de division de l'assistance du CICR. Il indique que, au sein de son organisation, la composition hiérarchique repose beaucoup sur l'expérience accumulée en mission: "un capitaine a souvent fait du pont avant d'occuper son poste." Cet ordre des choses n'est pas bouleversé outre mesure par l'arrivée d'outils performants susceptibles de modifier le travail sur le terrain.
"La jeune génération est formée dans des domaines très pointus mais plus étroits qu'avant", constate-t-il. La chirurgie de guerre illustre bien ses propos. Les cours du CICR dans ce domaine sont donnés par des praticiens expérimentés ayant eu l'habitude de tout prendre en charge dans le cadre de leur activité professionnelle, un bagage dont ne bénéficient pas leurs jeunes élèves. 
CEO & Managing Partner de My-startup Fiduciaire, Hélène de Meire remarque que les nouvelles générations faisant leur entrée dans le monde du travail sont "extrêmement sures d'elles" et dotées d'un "fort esprit critique." Pour répondre à leurs attentes, il ne faut pas hésiter à leur confier des projets valant le coup sans pour autant arrêter de les encadrer sous peine de les voir ne pas aller au bout.
Serge Sironi subordonne quant à lui l'attitude envers les jeunes générations aux moeurs dans certaines professions ou institutions. Tandis que, dans la brigade d'un chef cuisinier, la tendance sera au "oui chef", les responsables du recrutement d'une banque ont répondu par le tutoiement au CV envoyé par son fils.
Les intervenants ont également rappelé que l'organisation du travail tend à évoluer. "On travaille plus de manière collective et par projets", a déclaré Serge Mimouni, DRH de l'Hospice général et Président du CRQP. La notion de l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est également de plus en plus présente, rendant caduque la mise en place d'horaires peu flexibles.   
Reverse mentoring
Mis en avant par Nicole Favre, une membre de l'assistance en train de terminer son master en ingénierie des systèmes humains, ce concept fait référence à la transmission du savoir technologique par les jeunes générations. A ce sujet, les intervenants n'ont pas manqué d'évoquer un certain nombre d'anecdotes où le savoir-faire de leurs enfants les a aidé à comprendre le fonctionnement d'outils de communication contemporains.
Cette évolution a incité Yves Etienne à parler de "mentoring dans les deux sens" alors qu'une personne du public s'est demandée si on ne devait pas, plutôt que de générations XYZ, évoquer le passage de la génération analogique à la génération numérique. 
Contre-exemples
Malgré le côté rassurant lié à la catégorisation de tranches d'âge, la classification explorée a constamment été mise à mal durant la soirée. Un membre du parterre a par exemple tenu à attirer l'attention sur le fait que, à la base, le terme génération X n'est autre qu'un outil marketing, utilisé pour vendre des produits et services. Un jeune entrepreneur "Z" a pour sa part questionné l'assistance sur son appartenance générationnelle. Et profité de la faible proportion d'individus de sa catégorie pour poser la question provocatrice: "cette conférence n'est-elle pas un prétexte de la génération X pour dire qu'elle n'a pas réussi à se mettre à jour?"
Hélène de Meire a quant à elle vécu une mauvaise expérience en manageant une collaboratrice de la génération Y comme telle alors qu'elle n'avait pas ce comportement. Elle a également mentionné le fait d'avoir, en tant qu'"X", aidé une jeune stagiaire "Z" de La Muse à effectuer une tâche dans le logiciel Word.
En guise de conclusion, Serge Mimouni a fait référence aux "cercles de leg", des représentations de la vie professionnelle en 3 orbites. "Cette approche casse la façon clivée d'appréhender les générations. Il y a un peu de X, de Y et de Z tout le temps dans le monde professionnel", a-t-il soutenu.
LP
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